Avec la digitalisation, de nombreux métiers se transforment. La place de l’acte technique diminue et le client attend de plus en plus d’accompagnement, de conseils, voire, qu’on lui donne envie. La relation client est complètement renouvelée, y compris dans l’acquisition de sa clientèle, et pour certaines professions, c’est un vrai changement de culture. Les personnalités sont de plus en plus mise en avant et l’image véhiculée devient un enjeu majeur
Marie-Paule Letang, conseillère en image, nous explique comment se travaille une tenue ou une posture pour être aussi percutant que sincère dans sa relation à l’autre. |
Il n’y a rien de plus naturel que de s’habiller le matin. En quoi est-ce finalement si peu anodin ?
MPL : Le soin que l’on apporte à soi, c’est le premier respect que l’on se doit, mais c’est aussi ce qui nous permet de rayonner auprès des autres. Être bien dans sa peau et dans ses vêtements, c’est la première étape d’une bonne journée et c’est aussi un message que l’on diffuse. Mais attention, on ne véhicule des signaux positifs que si son image est maîtrisée. Qu’on le veuille ou non, dès que l’on voit une personne, notre cerveau se fait une opinion. Il dit « oui » ou « non ». Et cela impacte significativement le reste de l’interaction. Une image positive est un levier pour la suite de sa communication. Dans le cas inverse, les défis à relever sont plus difficiles.
Avec ses vêtements on parle aussi de soi. Mais n’y a-t-il pas un risque de ne pas correspondre à ce qu’attend l’autre ?
MPL : On doit effectivement rester dans une dynamique qui s’adapte à son « public » Tout en gardant son style, on peut jouer avec les couleurs qui ont une symbolique et un effet psychologique sur l’interlocuteur. Il ne s’agit pas de se déguiser mais de faire preuve d’intelligence dans sa communication. Ainsi, le bleu, le vert ou le violet véhiculent de la confiance. Les couleurs sombres amènent plutôt de la rigueur, alors que les couleurs claires et vives, de la joie et une certaine dynamique. Le rouge peut être agressif donc il vaut mieux l’utiliser par petites touches ou l’utiliser dans un ton plus mesuré comme l’orange qui sera plus doux ou le jaune qui est plus joyeux. C’est cette réflexion qui permettra de donner plus de peps à un rendez-vous commercial ou à l’inverse, calmera les inquiétudes d’un client.
On parle couleur, mais c’est tout de même plus facile à gérer pour les femmes que pour les hommes.
MPL : La gamme de choix est moins large pour les hommes, mais cela se contourne aisément. Ils doivent en premier lieu éviter le costume noir qui n’est adapté qu’à certaines catégories de métiers. De plus, le message du noir est « je disparais, je suis invisible ». Si on reste sur le costume, le bleu va quant à lui inspirer plutôt la confiance. C’est d’ailleurs le choix de beaucoup d’hommes politiques qui s’habillent en bleu ou mettent souvent un fond bleu lors des meetings. L’homme peut aussi réintroduire des couleurs avec ses chemises, un accessoire (cravate, montre, sacoche) ou même une texture qui ramène des reflets colorés. Ce qui est important, c’est qu’il reste dans les couleurs qui lui correspondent.
Ce sont des questions bien compliquées à se poser tous les matins d’autant que les journées ne sont pas uniformes ?
MPL : C’est une question d’habitudes. Au début, il est préférable de tout préparer la vieille au soir. Par des détails, la tenue peut évoluer dans la journée. Un homme peut retirer la cravate prévue pour un rendez-vous de prospection commerciale du matin, et ainsi créer l’après-midi, plus de proximité avec un de ses clients. Une femme peut retirer une veste ou ajouter un sautoir. Il y a mille façons d’agir. L’important c’est de garder son style. Le style fait partie de la personnalité. Être bien habillé, c’est un puzzle où on ajoute ou retire des éléments en fonction de ses activités de la journée.
Qu’est-ce que cela veut dire être « bien habillé » ?
MPL : Être bien habillé, c’est savoir choisir ses vêtements en fonction de sa silhouette, de ses couleurs, et de son quotidien. Chacun a sa morphologie et une silhouette qui évolue avec le temps. Des vêtements, qui ne sont pas à sa taille ou qui ne correspondent pas à sa physionomie, renvoient une image qui n’est pas conforme à la personne. Le message n’est pas le bon. Or beaucoup de personnes se trompent sur leur morphologie et donc leurs achats.
Comment la conseillère en image que vous êtes accompagne ses clients ?
MPL : Ce que l’on aime, ce n’est pas forcément ce qui nous va. Mon rôle est de guider les personnes vers ce qui leur vont, qu’elles aiment et qui leur font plaisir. Eventuellement, je les bouscule un peu car si on s’habille comme il y a 10 ans, c’est que l’on n’a pas tenu compte de sa propre évolution. Je peux les aider à être plus professionnelle sans devenir austère, plus féminine sans vulgarité, plus jeune sans tomber dans le jeunisme, ou plus affirmer sans être vieillissant.
Et comment cela se passe ?
MPL : Je travaille d’abord avec mon client les couleurs et identifie celles qui le flattent au teint et qui seront portées au plus près du visage. Ensuite nous voyons ensemble sa morphologie, et les coupes de vêtement les plus adaptées pour le valoriser. Analyser la composition du dressing, permet d’identifier les associations de vêtements ou accessoires qui accompagnent les différentes occasions professionnelles ou non, mais aussi ce qu’il manque dans la garde-robe. J’accompagne les personnes en boutique pour leur faire essayer de nouvelles choses auxquelles elles n’auraient pas forcément pensé. Il n’y aura pas forcément acte d’achat, mais elles voient ainsi qu’il y a une autre façon de se mettre en valeur. Après on peut enchainer sur le coiffeur, le barbier pour les hommes et le maquilleur pour les femmes. J’ai ainsi accompagné un homme de 35 ans, chef d’orchestre en province et directeur d’une association musicale. Il s’habillait toujours un peu comme un étudiant et tout le monde l’appelait par un diminutif. Il avait besoin d’asseoir sa carrière, d’intervenir auprès de journalistes, et d’obtenir des subventions. On a alors fait le chemin ensemble et on lui a trouvé une façon de s’habiller en décontracté chic pour l’élégance et la maturité souhaitées. Il a tout de suite vu les regards portés sur lui avaient changé et a surtout été ravi qu’on l’appelle Monsieur.
CONCLUSION
Travailler son apparence, c’est aussi gérer son adéquation avec son métier. C’est un axe de réflexion de l’équilibre au travail qui n’est pas à négliger.
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